Par Michel Froidure
"Durant la
guerre d’Algérie s’est joué le sort de plusieurs milliers de personnes : des
Algériens, qui ont payé un lourd tribut, mais aussi des «Français de France»,
comme on les appelait alors, et dont feront partie les appelés (ou les soldats
du contingent), ce corps au statut ambigu, considérés comme des militaires par
les civils (les Algériens) et comme des civils par les militaires qui les «
méprisent » et ne manquent pas de les envoyer au champ de bataille, en
particulier dès 1956. Cette situation à la limite de la schizophrénie a laissé
des séquelles chez ceux qui ont participé (malgré eux) à cette guerre et qui,
pour la plupart, refusent d’en parler. C’est précisément cette dimension cachée
des événements de la guerre, que nous livre Michel Froidure, ce jeune homme de
23 ans, sensible et cultivé, mobilisé entre 1956 et 1958 et que rien ne
prédisposait à la vie militaire... Les lettres qu’il envoie à sa famille et à
un prêtre dont il se sent très proche témoignent d’une vision du monde tenue
pour secrète par les autorités : la torture et les exécutions sommaires ;
l’absurdité d’une situation vécue par un pays dont il découvre que ni les lieux
ni les habitants ne sont vraiment « français » ; mais également les modes de
domination au sein d’une armée aveuglée par l’obsession de sa grandeur. Une
réalité qui le laisse désemparé et qui sera à l’origine de la vocation reli-
gieuse de ce futur prêtre-ouvrier.
C’est devant ce drame de la
conscience que se trouve confronté le lecteur de Michel Froidure, comme tous
ceux qui se sont sentis interpellés par la tragédie algérienne."
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